mercredi 31 octobre 2018

Le racisme ordinaire




Le racisme ordinaire s'illustre par des petites phrases à connotation raciste ou discrimante et qui ont pour la personne qui les prononce un caractère bénin.

Les phrases qui suivent sont entendues des centaines de fois par an par les gens de couleur, et en particulier les noirs et les métis. 








Non, Jean-Charles, je ne parle pas l'africain. L'Afrique est un continent, pas un pays. Ce continent est constitué de 54 Etats et est riche de plus de 1 000 langues différentes. 

Tous les noirs ne se ressemblent pas, je ne ressemble ni à Rihanna ni à Aya Nakamura.

Je ne suis pas née d'un mariage "arrangé parce que mon père voulait des papiers et ma mère un enfant métis". Et ma mère n'est pas une "pute à nègre". Et mon père n'est pas un macaque.

Non tu ne peux pas toucher mes cheveux, Micheline. Je ne suis pas ni un chat, ni une peluche.

Les expressions "travailler comme un nègre", "manger une tête de nègre", "sentir le nègre" blessent les gens.

Le blackface est raciste. Je ne suis pas un déguisement.







L'esclavage "ça date" mais c'est pas une raison pour nous interdire d'en parler puisque le racisme systémique découlant de cet esclavage perdure encore aujourd'hui.


Je suis française. Et oui j'en suis sûre, Jacqueline.


Laissez les asiatiques en paix. Appeler quelqu'un "nem" ou "Jackie Chan" juste parce qu'il est coréen ne fait pas de toi quelqu'un de marrant, ça démontre juste que tu es un énorme beauf.

Oui je bronze.

Non je ne ressemble pas à une panthère Jean-Charles, au même titre que tu ne ressembles ni à une loutre ni à un chevreuil.

Poster des photos de toi entouré de petits orphelins noirs sur Instagram pour avoir des likes c'est réducteur et infantilisant : L'Afrique ne peut pas se résumer à la malaria, aux famines et aux orphelins. La vie c'est pas BFMTV.


La phrase "putain j'aime pas les noires d'habitude mais toi t'es trop belle" n'est pas un compliment. Ça me donne simplement envie de te griffer le visage jusqu'a que tu pisses le sang.


Je suis pas camerounaise, je suis guinéenne et non ça n'est pas la même chose. Au même titre qu'un vietnamien n'est pas un chinois, qu'un suédois n'est pas un norvégien et qu'un français n'est pas un allemand.


Tu ne peux pas m'appeler "niggas" ou "negro". Que je sois confortable avec ça ou pas, que je sois ta pote ou pas, c'est une insulte. Ça s'applique aussi aux blancs qui s'appellent "niggas" quand ils sont entre eux. Et je tiens à préciser avant que des comparaisons hasardeuses ne se forment que le mot "Toubab" veut dire "occidental".


Je me fiche que ta nourrice soit noire, que ton collègue soit martiniquais ou que la cousine de la belle-soeur de ta tante soit métis. Ni ton entourage, ni ton éducation ni l'endroit où tu as grandi ne te protège de prononcer un jour une parole raciste.


Non je n'ai pas été adopté et oui c'est bien ma mère, même si elle est blanche.







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dimanche 28 octobre 2018

Couscous VS Mafé ou comment survivre dans une famille métissée



 Huit nationalités différentes, cinq langues et quatre continents. Bienvenus dans la famille Benetton.









Ma grand-mère est espagnole et a épousé un algérien. Sa soeur, argentine et espagnole a épousé un polonais. Son frère a épousé une algérienne. Leur cousin a épousé une norvégienne. Ma belle-mère ivoirienne a eu un enfant métis avec un chinois. Liés par le lien du sang, nous avons huit nationalités différentes. On cuisine tantôt à l'espagnole, à la maghrébine ou à l'africaine. Les repas de famille se déroulent en VO anglais/arabe/espagnol sous titrés français.









Le principal inconvénient, plus que les chocs culturels, est que la société voudrait généralement nous assigner une seule et même appartenance, une seule et même nationalité. En Guinée je suis considérée comme une blanche. En France comme une noire. Et en aucun cas on ne me considère comme maghrébine.J'ai longtemps cru que j'étais divisible par tiers, par portion : 25% ceci 25% cela. Ou encore que je devais choisir entre mes différentes origines. 
"Tu te sens noire ou tu te sens blanche ?".
Je suis pourtant tout cela à la fois. L'un n'empêche pas l'autre. Je suis 100% blanche, 100% noire, 100% arabe. 








Ma famille est très certainement la constatation, l'indice le plus fiable que le racisme, le communautarisme et le nationalisme sont voués à l'échec. L'échec le plus total, le plus complet. Car n'en déplaise à certains, ça fonctionne. L'imprégnation, l'enchevêtrement, le brassage des cultures et des cultes, n'engendrent pas leur anéantissement individuel,  bien au contraire !  Ils permettent leur expansion et leur apprentissage par le plus grand nombre. On y découvre très souvent des points de convergences, de légers ou de plus importants points communs qui viennent nous souffler que toutes les ethnies, tous les cultes, toutes les religions, ne sont peut-être que les différents rayons d'un même soleil.








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mardi 9 octobre 2018

Halla Stockholm ! ( Ne partez jamais en voyage avec moi)







J'ai appris beaucoup de choses durant ce voyage, mais si je devais en retenir qu'une, c'est que je suis incapable d'organiser quoi que ce soit correctement.


Stockholm est une ville splendide, composée de 14 îles bordées par la mer Baltique. Les chalutiers et autres bateaux les longent toute la journée en brisant la glace formée durant la nuit. Les flocons y tombent jusqu'au mois d'avril. Elle offre des paysages splendides, allant du lac gelé aux forêts d'épicéas enneigés. La ville est active, en constante ébullition mais tout y est calme. C'est un sentiment étrange. Aucun klaxon, presque pas d'ambulance, peu de voiture. En trois semaines, je n'y ai croisé personne fumer dans la rue. Le métro est tellement propre qu'il sent bon ! Aucun papier, ni chewing-gum ne jonchent le sol.
La vie n'y est pas chère, mis à par les transports en commun. Moins cher que Paris, bien moins cher que la Norvège ou la Finlande : c'est la destination parfaite pour les petits budgets qui veulent faire un tour dans le grand Nord. 

Très hipsters, la ville est pleine de petites boutiques de créateurs et de friperies vintages et de luxe. Une île est spécialement consacrée aux musées et autres activités culturelles.










Niveau nourriture, j'étais un peu déçue. La plupart des restaurants sont français, avec des noms français et des employés français. Pour le dépaysement on repassera. Par contre il y a un nombre incalculable de café type Starbuck. Sauf que tout y est fait maison, avec des produits locaux et souvent bio. Mention spéciale pour les Kanelbulle, ces petits pains briochés à la cannelles qui embaument tous les cafés de la ville.










Le bon plan bouffe pour les fauchés : "Chez Max". Le fast-food suédois qui détrône largement MacDonald. C'est super bon, très peu cher avec des recettes que l'on ne trouve pas en France. 





Le très bon plan bouffe pour les blindés : "Adam et Albin". Un restaurant typiquement suédois dans lequel on s'est retrouvé un peu par hasard. C'est plutôt chic, dans une salle  minimaliste donnant sur une cuisine ouverte. C'est un bijou gustatif, plébiscité par le guide Michelin et sur Tripadvisor. Le menu se compose de 9 plats aux saveurs surprenantes. Je n'ai jamais aussi bien mangé de ma vie. Par contre l'addition est plus que salée. 










Nous avions loué une maison en flan de montagne près d'un lac en Laponie. Trop impatiente de voir des aurores boréales. Sauf que... Dans la précipitation j'ai réservée dans la mauvaise ville et on s'est retrouvé à Ostersund, une ville pas du tout touristique et qui ne se trouve pas du tout en Laponie. Pas d'activités, pas de restaurants, pas de musées. Rien. Un groupe de jeunes qu'on a croisé nous à même demandé ce qu'on fichais dans "ce trou paumé". Vous comprenez maintenant pourquoi il faut pas me laisser organiser les voyages ? 

Mais la ville était bordée de paysages à couper le souffle ce qui a compensé notre déception.










Nous sommes ensuite retourné à Stockholm où l'on a pu profiter de la fonte des neiges, faire du patins à glace à la patinoire en plein air de Kungstradgarden, se goinfrer de marshmallow grillés au feu de bois et visiter les petites rues pavées de la ville. 
Je retournerai à Stockholm un jour. Durant le printemps la ville est remplie de cerisiers en fleurs.  Cela vaut le coup de voir la ville sous un autre angle. Et Inch Allah un jour on ira vraiment en Laponie ! 







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jeudi 4 octobre 2018

Réussir sa vie (plutôt que de réussir dans la vie)




Depuis l'âge de 5 ans, je suis destinée à devenir avocate et succéder à mon père. C'était mon rêve mais aussi le sien.
Après un parcours scolaire quasiment parfait, j'ai intégré la faculté de droit de Bordeaux à l'âge de 17 ans et j'ai tout de suite compris... Que ce n'était pas fait pour moi.


J'y ai appris énormément de choses qui me serviront certainement toute ma vie et j'en suis très reconnaissante. Mais c'est une branche que je trouvais très aride. Elle demandait un apprentissage par coeur qui m'abrutissait et ne me nourrissait pas intellectuellement.
C'était un endroit où je ne me sentais pas à ma place, où je n'étais pas moi même.
J'ai voulu arrêter dès la première année. Mais dans la culture africaine, une fille à fortiori une ainée, ne contredit pas les rêves de son père aussi facilement. Je n'ai osé en parler à personne. J'ai obtenu ma licence et j'ai continué mon cursus jusqu'au master 1. Et ça a été pour moi l'une des périodes les plus compliquée de ma vie.

J'ai fait une dépression clinique. La compétition entre les élèves, le manque d'entraide, l'individualisme qui en découle m'a très affectée. J'ai pris 15 kg, je passais la plupart de mon temps sur Netflix allongée avec un paquet de chips à coté de moi.
Avec le temps, ça a été évident pour moi : je ne vivais pas ma vie, je vivais celle que l 'on attendais que je vive.
J'ai fini par arrêter du jour au lendemain d'aller en cours. J'ai refusé de passer mes examens. J'ai fini par dire "NON" à mon père.

Je suis partie à Soulac, une petite ville embrassée par l'océan, où j'allais passer tous les étés de mon enfance. Plus grande j'y ai travaillé durant la saison pour payer mes études et mes sorties et c'est là que j'ai changé la vision que j'avais du monde et du bonheur. J'avais besoin de me retrouver dans cet endroit si paisible, où tout le monde se connait et nourrit une solidarité que l'on ne connait jamais en ville. Un endroit qui sent si bon et qui m'apaise.


















A Soulac, j'y ai    rencontré des personnes vraies, simples et libres. La plupart travaillent six mois dans l'année et expriment leurs passions les six mois suivants : que ce soit le surf, les voyages, l'écriture, la peinture. Leur vie n'est pas centrée sur leur profession. Leur vie est centrée sur leur propre bonheur.  
Si j'ai appelé cet article "réussir sa vie (plutôt que de réussir dans la vie) c'est parce que c'est exactement le choix qui m'a été donné de faire. 
Choisir entre la vie que l'on avait choisi pour moi. Une vie d'avocate, qui hérite du cabinet de son père. Qui gagne certainement bien sa vie mais qui ne m'aurait jamais épanouie. 
Ou, choisir mon propre destin, vivre mes propres rêves. Sans être influencée par les raisonnements de ma famille ou de la Société en général. Car qui, plus que nous-même, sait ce qui nous rend heureux ? 
Le jour où j'ai claqué la porte de la fac pour me retrouver deux heures plus tard les pieds dans le sable a été le jour où j'ai pris la meilleure décision de toute ma vie.






Aujourd'hui, comme depuis deux ans, je suis saisonnière. Je travaille l'été dans un cadre idyllique, à trente mètres de la plage. j'ai un poste à responsabilité et je suis entourée de personnes qui m'apportent et m'apprennent chaque jours énormément. l'hiver je voyage, je m'instruis, je découvre.
Et surtout je suis en paix avec moi même. 






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